Deux chiffonnières traversent le pont d’Asnières, ville située en bord de Seine, non loin des fortifications de Paris. Les visages jaune-orangé de profil se détachent du premier plan. L’usage de ces coloris est inspiré des arts d’Extrême-Orient, en vogue à la fin du 19e siècle. Le pont suit un tracé très géométrique. Au loin, les spirales de fumées des usines répondent aux sinuosités du fleuve. De larges aplats colorés cernés d’un trait sombre sont utilisés pour réaliser cette composition. Le peintre livre une vision aboutie du cloisonnisme.

Émile Bernard peint ici son autoportrait alors qu’il n’a que 22 ans. Il se représente à l’aide d’un miroir devant l’une de ses peintures présente dans son atelier : Les baigneuses à la vache rouge.

Cet autoportrait contient toutes les caractéristiques du synthétisme, style pictural élaboré à Pont-Aven par Paul Gauguin et lui : formes simplifiées cernées de noir, absence de perspective, aplats de couleurs pures. Cette œuvre s’illustre par son audace et son originalité, mêlant schématisme des formes et intensité picturale.

Bien que datée de 1888, cette vue de la côte rocheuse de Saint-Briac aurait été peinte, d’après les documents d'archives, en 1891, avant d’être présentée au Salon des Indépendants en 1892.

Si le moulin de Saint-Cast et la tour des Ebihens se repèrent au loin, le paysage relève avant tout du synthétisme. L’horizon est relevé à la manière des estampes japonaises et les plans successifs du paysage sont matérialisés par des bandes colorées disposées les unes au-dessus des autres. Intenses et arbitraires, les couleurs sont appliquées en aplats, sans dégradés ni ombres. Entre les formes, on repère de légers cernes, rappelant le cloisonnisme.